LITTERATURES
            DE DACRES
            
            N°20
   	        
          
        
        IN LIBRO VERITAS
        
        
		Didier Destremau
        
		
         
		résumé
        « Les livres, c’est là où on range les rêves ». (Mot d’enfant…)
Un livre est vivant, et, pour muet qu’il soit, son message demeure éternellement.
        Résolu à ne pas perdre une miette de ces échanges, il rapprocha son fauteuil, retint
          sa respiration et tendit l’oreille à son extrême. Alors, le murmure devint conversation audible.
          Là encore, Lucas faisait irruption au beau milieu de débats largement entamés.
  — … Nous sommes trop désunis, à l’image des pays dont on parle dans nos pages.
          C’est une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien, mais nous martelons inlassablement
          les messages que nous ont inculqués nos auteurs. L’union fait la force, vous le savez tous.
          Nous pourrions au moins ne plus nous disputer et faire front ensemble pour exiger davantage
          de considération, voire de soins. Nous voulons améliorer notre existence, tout en exprimant
          aussi au Maître notre reconnaissance pour nous avoir accueillis, protégés, aimés. Pour ce
          faire, nous devons prouver notre entente, faire montre de synergie, de compassion pour
          les plus faibles. Par exemple, toi, LES PHARISIENS un des plus vieux d’entre nous, es-tu
          toujours empli de vermines qui te rongent ?
        (…)
        Lucas reprenait son souffle. Tout à coup, une autre pensée vint l’effleurer : « Depuis
          quand ces sacrés livres dialoguent-ils et comment ne m’en serais-je jamais douté ? »
          Lucas possède une très vaste bibliothèque dédiée au monde arabo-musulman. Sans être
          doté de vertus particulières, il entend parler ses livres, il perçoit leurs plaintes formulées par
          eux qui n’en peuvent plus de leur relégation, ne veulent plus n’être que contemplés, voire
          partiellement parcourus. Libérés de leur inhibition, de leur carcan, une cinquantaine de ces
          ouvrages échangent avec vivacité. Ils dialoguent comme des humains, défendant bec et
          ongles leurs auteurs et leurs thèses qui se révèlent souvent contradictoires, d’autant que les
  époques de leur rédaction sont fort éloignées. Ils désirent vivre, se sentir utiles, transmettre
          leurs messages, pouvoir en débattre. Malgré le lourd silence dans lequel, par nature, ils sont
          plongés, ils ont pris l’initiative de dévoiler leur existence secrète, de s’extérioriser, de divulguer
          leurs richesses.
        
        
         
        
    
        
		
        
        
l'auteur
        Didier Destremau, Saint-Cyrien, arabisant et diplômé de sciences politiques, a été officier parachutiste avant de devenir diplomate. Ambassadeur entre autres au
          Mozambique et à Malte, il a publié plusieurs livres sur les différents pays où il a été en
          poste. Il est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages, dont Le Cow-boy et le Pasteur (éd. Hermé,
          1992), Nègre blanc (Hatier international, 2002), Histoire d’un Palestinien (Maisonneuve
          et Larose, 2003), Le fabuleux destin de Malte (Le Rocher, 2006) ou Le roman de la Syrie (Le Rocher, 2012), Sur la ligne de crête (Dacres, 2013), La fabuleuse histoire du Liban (Le Rocher, 2013), Jours de guerre à Tahiti (Éditions du Pacifique, 2014). Maxima culpa (Dacres, 2015), Syrie Carrefour des civilisations et des convoitises (Les Indes savantes,
          2016), De la Mésopotamie à l’Irak (Hémisphères et Maisonneuve et Larose, 2018).